nouveauté (libre)

Desperate Tear se promenait sur les terres du troupeau d'Eat Lest. Elle ne savait pas à qui ces terres appartenaient. Elle ne voulait pas du tout le savoir, même. Elle était du genre réservée, qui souffre dans son coin, sa en faire part aux autres. En ce moment même, il baissait sa tête en quête d'une pousse d'herbe hasardeuse qu'elle pourrait arracher. Ses doux naseaux effleurant le sol, elle ne trouva rien cependant. Elle râcla son sabot sur la terre humide. La belle jeune jument releva la tête lentement, avant de reprendre le pas. Elle n'aimait pas beaucoup être ici, sans présence. Elle aurait mieux fait de rester là-bas, plus loin. Mais bon. Elle avait vraiment soif, et il n'y avait pas de point d'eau en vue à part celui-ci. L'eau était glacée, de gros morceaux de glaces dérivaient encore. Elle trempa ses naseaux dans le liquide fraît, et but quelques longues gorgées. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas bu. La belle Paso Fino balaya les alentours d'un regard calculateur. Elle n'aimait pas lorsque tout était trop immobile. Le vent prit dans une branche, ce qui fit frémir la belle. La jument hennit doucement, chant mélodieux et calme. Elle regardait le ciel foncé, qui commençait à s'éclaircir. Bientôt, les signes du printemps arriveraient vraiment, lançant plus de traces voyantes. Elle avait hâte, hâte de retrouver la chaleur de l'été et revoir la lumière plus ardente. Il faisait froid dans son coeur, et dehors. La jument se secoua doucement pour enlever la froideur qui s'était attachée à sa robe. Elle n'aimait pas ce qui était froid, comme l'hiver. En souriant pensivement, Desperate Tear ne fit pas attention à des bruits de sabots raclant le sol au loin. Un cheval arrivait au grand galop...

Summer Dream était assoifée. Elle avait galopé sur des kilomètres et maintenant sa robe était trempée de sueur et ses naseaux humectés. Elle se mit en quête d'une source d'eau où elle pourrait s'abreuver et se retrouva par hasard sur des terres qu'elle ne connaissait pas. Elle entreprit alors son exploration au petit trot, s'émmerveillant de la beauté du paysage. La jument était jeune et très belle. Sa silhouette était à la fois gracieuse et athlétique,des muscles puissants saillant sous son pelage d'un noir de jais et sa crinière tombant sur son encolure en une masse soyeuse. Elle déambula à travers une succession de prairies et de forêts, galopant allègrement entre les arbres et les buissons. Mais pas un seul point d'eau en vue. Elle remarqua soudain que le paysage avait brusquement changé : La végétation se raréfiait, les arbres s'espaçaient et l'herbe laissait place à un sol terreux et rocailleux.
Elle entendit enfin un bruissement lointain qui lui sembla le plus agréable du monde : celui d'un ruisseau qui coule. Elle se lança alors dans un galop effréné en se dirigeant au son de l'eau. Au bout de quelques minutes, Summer s'arrêta dans un dérapage devant le lit étroit d'une rivière bordée de pierres couvertes de mousse. Elle laissa échapper un soupir de soulagement qui s'étrangla dans sa gorge lorsqu'elle s'aperçut qu'elle n'était pas seule : A une dizaine de pas d'elle se tenait une jument Paso Fino. Summer baissa l'encolure pour reprendre son souffle et l'observa du coin de l'oeil : Elle semblait inoffensive mais on n'était jamais trop prudente.
Lentement, elle fit les trois pas qui la séparaient de la rivière et trempa goulûment ses naseaux dans l'eau fraiche pour se désaltérer. Le liquide glacé qui descendit dans sa gorge la revigora. Elle se redressa alors pour faire face à l'inconnue.

Ce n'était peut-être qu'une impression, mais elle semblait de pas être d'ici. La considérant d'un oeil analytique, Summer la trouva l'air perdue, déboussolée, et son odeur lui était totalement inconnue.

Or la belle jument Desperate TEar ne répondit pas tout de suite. Non parce qu'elle n'avait pas entendue les foulées bruyantes de l'inconnue, ni parce qu'elle n'avait pas entendue les paroles de l'autre cheval. Elle ne voulait tout simplement pas répondre immédiatement. La méditer, la réfichirr avant de la lui donner. En laissant tramper un instant son museau dans l'eau, Elle soupira.Ce simple geste créa doucement de petits remourds dans l'eau. Elle se tourna finalement vers son interlocutrice et répondit posément:

- je m'appelle Desperate Tear.

N'ajoutant rien, elle se détourna. L'odeur peu familière de l'autre équidé ne lui donnant pas de raisons spéciales pour se méfier, mais pas non plus pour se laisser influencer. Rester légèrement sur ses gardes, sans plus. Elle n'était pas du genre agressive, mais savait faire preuve d'intelligence. En contemplant son refflet dans l'eau,, elle soupira une nouvelle fois. L'odeur et l'atmosphère était pesante autour d'elle. Un profond sentiment de désespoir et de calomnie l'habitait. Quoi qu'il en fut, quelque chose allait se passer sur ces terres. De pas très catholique. Quelque chose qui fera la mort de certains chevaux, à la guerre peut-être. Elle s'enfuirait alors dans la nuit. Elle ne voulait pas mourir.

L'oeil critique de Summer Dream ne quittait pas l'inconnue. Un des dons de la jument était de deviner certains traits de personnalité ou de la vie des autres chevaux sans même les connaitre. Ainsi, en observant simplement les faits et gestes de quelqu'un, elle était capable de percevoir à qui elle avait affaire. Même si il lui arrivait de se tromper à ne se fier qu'aux apparences et premières impressions, c'était une technique très efficace.

Elle l'observa donc discrètement du coin de l'oeil, tandis qu'elle étendait à nouveau l'encolure pour boire deux nouvelles gorgées d'eau fraiche. Elle apprit qu'elle s'appelait Desperate Tear, un nom que Summer trouva magnifique, mais qui sonnait triste en lui même. Elle ne dit rien d'autre. Summer remarqua qu'elle avait mit du temps à lui donner son nom, comme si elle hésitait à lui révéler son identité, et surtout qu'elle poussait des soupirs répétés, chargés de chagrin. Son désespoir était palpable, et Summer fit soudain saisie de compassion. Quelque soit la cause de son malheur, il devait être bien grand pour qu'elle paraisse aussi accablée.

Elle continua de boire lentement en lui jetant des coups d'oeil fréquents, se demandant qui elle était et surtout, d'où elle venait - car elle en était sûre à présent, Desperate n'appartenait à aucun troupeau connu, ou alors elle l'aurait reconnu sans aucune difficulté. Mais l'odeur qui émanait d'elle était très particulière, elle ne l'avait jamais sentie jusqu'à présent.
Elle laissa un silence s'installer, ne sachant pas comment aborder la conversation sans paraître impolie ou trop curieuse.

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